Moyen Âge
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De la fin du Moyen Âge jusqu’à l’aube de l’Âge classique, la musique ne cesse d’exercer une influence profonde sur les diverses formes de la poésie lyrique française – tantôt de manière positive, en imposant certaines contraintes formelles au texte, tantôt de manière plus négative, en présupposant des structures musicales que les poètes s’évertuent à « dé-lyriser ». En examinant dans le détail les concordances et les discordances entre forme poétique et forme musicale dans l’œuvre des poètes les plus importants depuis Guillaume de Machaut jusqu’à Tristan L’Hermite en passant par Clément Marot, Maurice Scève et la Pléiade, cette étude offre une nouvelle perspective sur l’essence même des genres dits « lyriques » – ballade, rondeau, virelai, sonnet, ode, stances. Elle découvre dans l’évolution de ces genres des moments de rupture et de continuité tout autres que ceux que l’histoire littéraire nous a habitués à y voir.
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SOMMAIRE DU PRÉSENT FASCICULE
Douglas Kelly (1934-2022)
Pilar Lorenzo Gradín, Retorno a la tensó de Arnaut (Catalan) y Alfonso X
Sébastien Cazalas, L’archevêque Turpin, un perpetuum mobile fonctionnel et
idéologique ? Approche comparatiste d’un prélat en épopée(s)
Joël H. Grisward, « La question ne sera pas posée » ou Dumézil lecteur du Conte du Graal
Francis Gingras, Histoire feinte et histoire sainte dans un manuscrit du Graal
(Cologny, Bodmer 147)
Marie-Madeleine Huchet, Un témoin des liens littéraires entre la cour de Bourgogne et le Portugal : le manuscrit BnF, n. a. fr. 6763
Lucien Dugaz, Pleurant son roy pluscler que nul anticque. Édition de la Complainte
et de l’Epitaphe de Charles VIII par Octovien de Saint-Gelais
MÉLANGE
Pär Larson, Una ipotesi su Donna me prega
DISCUSSIONS
Florence Bouchet, Quel texte du Cœur d’amour épris de René d’Anjou ? À propos d’une nouvelle édition
Piero Andrea Martina, Poétiques de l’octosyllabe. Études réunies par Danièle
James-Raoul et Françoise Laurent, Paris, Honoré Champion, 2018, 434 p.
COMPTES RENDUS
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TABLE DES MATIÈRES
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
Introduction
Présentation générale de l’auteur et de l’oeuvre
Étude littéraire
Conclusion. L’Anticlaudianus comme architexte labyrinthique
REMARQUES PRÉLIMINAIRES SUR LA TRADUCTION
ANTICLAUDIANUS
Préface en prose
Livre I
Invocation liminaire du poète (v. 1-9)
Prologue : exposition du projet de Nature (v. 10-32)
Présentation du concile céleste (v. 33-63)
Description du séjour de Nature (v. 64-127)
Description du palais de Nature, peinture des mœurs humaines (v. 128-160)
Suite de la description, une peinture assez triste (v. 161-192)
Ce que fait Nature en son palais (v. 193-215)
Discours de Nature (v. 216-278)
Description de Prudence (v. 279-326)
Discours de Prudence (v. 327-444)
Description de Raison et de son triple miroir (v. 445-519)
Livre II
Discours de Raison (v. 1-164)
Description de Concorde (v. 165-209)
Discours de Concorde (v. 210-308)
Résolution de Prudence (v. 309-323)
Présentation des sept arts libéraux (v. 324-378)
Grammaire, portrait physique (v. 379-409)
Grammaire, description vestimentaire (v. 410-474)
Grammaire, construction du timon (v. 475-512)
Livre III
Logique, portrait physique (v. 1-30)
Logique, description vestimentaire (v. 31-82)
Logique, construction de l’essieu (v. 83-105)
Logique, décoration de l’essieu (v. 106-134)
Rhétorique, portrait physique (v. 135-163)
Rhétorique, description vestimentaire (v. 164-245)
Rhétorique, ornement du timon et de l’essieu (v. 246-269)
Arithmétique, portrait physique (v. 270-291)
Arithmétique, description vestimentaire (v. 292-332)
Arithmétique, fabrication de la première roue (v. 333-369)
Arithmétique, décoration de la première roue (v. 370-383)
Musique, portrait physique (v. 384-407)
Musique, description vestimentaire (v. 408-443)
Musique, fabrication et décoration de la seconde roue (v. 444-466)
Géométrie, portrait physique (v. 467-477)
Géométrie, description vestimentaire (v. 478-510)
Géométrie, fabrication et décoration de la troisième roue (v. 511-531)
Livre IV
Astronomie, portrait physique (v. 1-14)
Astronomie, description vestimentaire (v. 15-48)
Astronomie, fabrication et décoration de la quatrième roue (v. 49-69)
Concorde assemble les parties du char (v. 70-94)
Premier cheval, la vue (v. 95-116)
Second cheval, l’ouïe (v. 117-137)
Troisième cheval, l’odorat (v. 138-158)
Quatrième cheval, le goût (v. 159-189)
Cinquième cheval, le toucher (v. 190-212)
Départ de Prudence (v. 213-244)
Description des phénomènes aériens (v. 245-270)
Description des démons aériens (v. 271-331)
Entrée dans l’éther, découverte de l’harmonie des sphères (v. 332-355)
Description de la Lune (v. 356-368)
Description du Soleil (v. 369-392)
Description de Mercure et de Vénus (v. 393-413)
Description de Mars (v. 414-437)
Description de Jupiter (v. 438-462)
Description de Saturne (v. 463-483)
Livre V
La sphère des astres fixes et le Zodiaque (v. 1-39)
Hésitation de Prudence aux portes de l’Empyrée (v. 40-82)
Théologie, portrait physique (v. 83-108)
Théologie, description vestimentaire (v. 109-174)
Requête de Prudence adressée à Théologie (v. 175-242)
Prudence abandonne Raison et son char pour suivre Théologie (v. 243-264)
Invocation du poète à Dieu (v. 265-305)
Merveilles du ciel empyrée, les eaux célestes (v. 306-372)
Description du ciel empyrée et de la hiérarchie angélique (v. 373-442)
L’assemblée des vierges, des martyrs et des docteurs (v. 443-470)
Vision de la Vierge (v. 471-514)
Louanges du Christ (v. 515-543)
Livre VI
Évanouissement de Prudence face à la splendeur divine (v. 1-32)
Intervention de Foi, description vestimentaire (v. 33-72)
Soins de Foi prodigués à Prudence (v. 73-115)
Description du miroir de Foi (v. 116-132)
Description des merveilles divines, qui dépassent la raison (v. 133-184)
Prudence suit Foi (v. 185-206)
Entrée de Prudence dans le palais de Dieu (v. 207-272)
Prudence supplie Dieu (v. 273-379)
Réponse favorable de Dieu (v. 380-424)
Formation de l’âme nouvelle (v. 425-451)
Retour de Prudence sur terre grâce à l’onguent merveilleux de Noys, à travers les sphères planétaires (v. 452-488)
Livre VII
Nature forme un corps nouveau (v. 1-55)
Concorde unit ¢me et corps nouveaux (v. 56-73)
Dons des Vertus : Abondance, Faveur, Jeunesse, Rire, Pudeur (v. 74-116)
Dons de Modestie / Constance (v. 117-165)
Dons de Raison (v. 166-201)
Dons d’Honnêteté et d’Honneur (v. 202-227)
Dons de Sophia (v. 228-247)
Dons des arts libéraux, Grammaire (v. 248-260)
Dons des arts libéraux, Logique (v. 261-269)
Dons des arts libéraux, Rhétorique (v. 270-284)
Dons des arts libéraux, Arithmétique (v. 285-296)
Dons des arts libéraux, Musique (v. 297-302)
Dons des arts libéraux, Géométrie (v. 303-310)
Dons des arts libéraux, Astronomie (v. 311-314)
Dons de Théologie (v. 315-328)
Dons de Piété (v. 329-343)
Dons de Loyauté (v. 344-377)
Dons de la Vertu sans nom, Largesse (v. 378-396)
Intervention de Noblesse et description du séjour de Fortune (v. 397-480)
Livre VIII
Description du palais de Fortune (v. 1-18)
Portrait physique de Fortune (v. 19-47)
Description de la roue de Fortune (v. 48-62)
Requête de Noblesse adressée à Fortune (v. 63-74)
Réponse de Fortune (v. 75-108)
Dons de Noblesse et de Fortune (v. 109-146)
Alecto convoque l’assemblée des Vices (v. 147-171)
Discours d’Alecto (v. 172-220)
Catalogue des Vices prenant les armes (v. 221-304)
Renommée annonce aux Vertus l’ouverture des Enfers (v. 305-316)
Préparatifs au combat des Vertus (v. 317-337)
Disposition des lignes de bataille (v. 338-369)
Livre IX
Combat contre Discorde (v. 1-52)
Combat contre Pauvreté (v. 53-107)
Combat contre Infamie (v. 108-148)
Combat contre Vieillesse (v. 149-209)
Combat contre Lamentation (v. 210-227)
Combat contre Vénus (v. 228-270)
Combat entre Excès et Modestie (v. 271-285)
Combat entre Raison et Aiguillon de la chair (v. 286-293)
Combat entre Imprudence et Phronesis (v. 294-306)
Combat entre Impiété et Piété (v. 307-328)
Combat entre Fraude et Loyauté (v. 329-353)
Combats contre Avidité et Ignominie (v. 354-371)
Ignominie quitte la mêlée sans combattre (v. 372-379)
Épilogue : victoire du jeune homme et début d’un nouvel Âge d’or (v. 380-409)
Invocation finale du poète (v. 410-426)
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Abréviations
Éditions de l’Anticlaudianus
Œuvres d’Alain de Lille
Œuvres d’Alain de Lille d’attribution douteuse
Œuvres antiques
Œuvres médiévales
Études critiques sur Alain de Lille
Ouvrages et articles spécialisés
INDEX DES OEUVRES ET DES AUTEURS ANCIENS
INDEX DES AUTEURS MODERNES
INDEX DES NOMS PROPRES DE L’ANTICLAUDIANUS
INDEX LEXICAL DE L’ANTICLAUDIANUS
Aux yeux de la postérité, Alain de Lille fut le doctor universalis. Ses travaux dans le domaine de la théologie ont marqué la seconde partie du XIIe siècle, entre le conservatisme d’un Bernard de Chartres et le progressisme d’un Gilbert de la Porrée. Non moins innovateur comme poète, il a laissé en particulier deux grands textes allégoriques en latin : un prosimètre, le De Planctu Naturae, et l’Anticlaudianus. Composée entre 1180 et 1185, l’Anticlaudianus est une épopée en neuf chants, longue de 4350 vers : elle expose le projet qu’a Nature de fabriquer un « homme nouveau », créature parfaite rachetant les imperfections de son œuvre passée, et raconte les modalités pratiques de sa réalisation avec l’aide décisive de Prudence qui, aidée des sept Arts Libéraux et de Théologie, monte au ciel empyrée pour y plaider devant Dieu la cause de Nature. La présente édition de l’Anticlaudianus se compose d’une présentation générale faisant le point sur la question biographique, d’une étude introductive soulevant le problème des sources littéraires, d’une traduction française juxtalinéaire inédite qui reprend le texte latin établi par Bossuat dans son édition critique (1955) et s’accompagne d’un riche appareil de notes complémentaires, enfin, d’index.
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Outre une introduction et une conclusion qui situent clairement les enjeux de la problématique et ses aboutissements, La Littérature médiévale, entre mythes et sacré regroupe douze articles de chercheurs français et internationaux spécialistes de la question, réunis lors du colloque 2019 de la SLLMOO organisé à l’université d’Angers par Elisabeth Pinto-Mathieu et Hélène Averseng. Le volume interroge la complexe réception de la mythologie gréco-latine dans un contexte d’hégémonie du sacré chrétien au Moyen Âge, qui pourtant en assure la postérité. Il analyse en détail les aspects mythiques de ce même sacré, en particulier dans ses motifs bibliques, hagiographiques, mais aussi politiques. Le théâtre médiéval est enfin convoqué en tant que témoin scénique de cette tension et lieu de sa possible actualisation. La littérature du Moyen Âge, sous ses multiples formes, apparaît ainsi comme l’espace le plus propice au déploiement de la fonction médiatrice du sacré, par le mythe et le symbole.
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Cet essai aborde la question de savoir comment un passé, celui des XIIe et XIIIe siècles, a représenté, transmis, utilisé, vécu un autre passé, celui des mondes grec et latin. Il vise alors à identifier et interpréter les traces littéraires de la mémoire de l’Antiquité dans un corpus de textes vernaculaires (romans antiques, chroniques, traductions de classiques).
À l’aide d’explorations convergentes, portant sur différents aspects du savoir historique (des pratiques religieuses au théâtre, du conflit militaire aux rites funéraires, des jeux à l’art statuaire), nous découvrons dans ces textes un souvenir de l’Antiquité qui, pour être par moment lacunaire, se révèle à la fois riche et mouvant. Un souvenir tantôt déformé par les rêves, les peurs et les ambitions mondains de toute une époque, tantôt empreint d’un étonnant détachement et d’un véritable élan érudit.
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Saturnin de Toulouse, Paul de Narbonne, Amans de Rodez, Aphrodise de Béziers, Privat de Mende, etc. Qui sont ces saints dont le souvenir marque encore aujourd’hui les villes dont on dit qu’ils furent les premiers évangélisateurs ? En retournant systématiquement aux plus anciens manuscrits qui portent leurs légendes, ce livre entend comprendre la fonction sociale de ces saints anciens et les motivations des hagiographes qui mirent par écrit leur vie, leurs souffrances et leurs miracles. L’ouvrage montre comment, pendant mille ans, s’est formée une mémoire des premiers temps chrétiens dans les cités du Languedoc. Appuyée sur des lieux de culte et aux mains des puissants, cette mémoire hagiographique a été sans cesse utilisée pour servir le présent. En déconstruire les modalités dans la longue durée permet de mieux comprendre les spécificités du culte des saints locaux et de la littérature hagiographique, et contribue également à revisiter une partie de l’histoire médiévale de l’Occitanie.
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Composé en vers à la fin du premier tiers du XIIIe siècle, le Chevalier aux deux épées est un roman d’aventures chevaleresques fortement imprégné de motifs arthuriens. Mériadeuc, le héros du roman, ignore son nom quand il apparaît à la cour d’Arthur et parvient à déceindre l’épée que porte la jeune reine de Caradigan. Promis par cet exploit à un destin exceptionnel, il multiplie les prouesses jusqu'à ce qu’il épouse, à la fin du roman, Lore, la reine de Caradigan, dont la détermination égale le courage. Habilement construit, le roman enchaîne les aventures sur un rythme soutenu. Une riche imagination se déploie et l’intrigue est fertile en rebondissements, avec des pauses qui laissent des temps à la description des réalités de l’époque, des cités traversées et des habits portés par les personnages. Les octosyllabes se suivent avec alacrité et rendent la lecture plaisante. La qualité de l’œuvre, qui mérite d’être appréciée à sa juste valeur, justifie une place de choix du Chevalier aux deux épées dans notre patrimoine littéraire. Pour la première fois, le texte édité est accompagné d’une traduction en français moderne. Il est assorti de notes et d’un glossaire.
Spécialiste de philologie française, Gilles Roussineau est professeur émérite à Sorbonne Université.